D‘après la Genèse, les langues nous ont séparés et « les hommes furent dispersés sur la face de la terre. » Mais si nous sommes effectivement dispersés, peut-on dire que les langues soient un appauvrissement, une perte de l’unité initiale supposée ou bien un enrichissement mutuel, une jouissance ? Aqui, ce n‘est pas Aqua, ce n’est pas l‘eau, cela veut dire ICI en espagnol. Ici, parce que le Roi Nemrod, qui se baladait avec ses courtisans a dit : » Ici ! » » Ici nous construirons une tour qui rejoindra le ciel et nous serons les égaux de Dieu. » Ainsi naquit la Tour de Babel, dans un endroit improbable et peut être bleu comme cette planète. Puis il a téléphoné à ses potes pour leur annoncer la nouvelle et les babéliens se sont mis au travail. Mais Dieu ne l’entendit pas de cette oreille et nous avons pris une raclée polyglotte. Bref on a laissé tomber la tour. J‘ai peint « l’après ». Les blocs abandonnés, épars, la tour livrée aux chauves – souris qui la traversent de nuit en couinant. C‘est délicieux J’ai peint la pensée obsédante qui a guidé les hommes, à moins que ce rouge soit la colère divine. J’ai peint le moment où les hommes ont nommé le même objet avec des noms différents. J‘ai peint du rouge et du noir car c’est ce que nous dit le texte – la brique et le bitume – et aussi parce que j‘aime le rouge et le noir, avec une préférence pour le noir. Le noir parle du temps qui passe, de l’effacement. Le noir permet l‘intensité de la lumière. J’ai passé une année dans le noir, maudite soit la malédiction de Dieu. J’ai peint les hommes partis, la diaspora, la première. Celle du Texte. Depuis cela n’a jamais cessé. Blog 21/05/2007